De quoi je me mêle si un africain est tricolore ?
A la veille des Jeux Olympiques de Paris, il est opportun de jeter un regard retrospectif sur les footballeurs d’origine africaine de l’équipe de France.
Le football est le sport le plus fédérateur de l’humanité. L’équipe de France réunit des africains de divers horizons sur la pelouse, c’est à la fois une pépinière de l’excellence et un rempart contre la discrimination.
Seul le talent est roi
Arborant leurs maillots tricolores, les Bleus démontrent que les hommes peuvent réussir ensemble. À l’image de la société des « frères et sœurs » rêvée par Linconln, prêchée par Gandhi et édifiée par Mandela. De quoi je me mêle si un malien décide d’entonner la Marseillaise, de défendre les couleurs d’un pays qui l’a bercé, adopté et formé ? En fait, je ne peux rien !
Le football est l’un des rares domaine des temps modernes où le rang social, l’origine et la couleur de la peau ne peuvent détrôner le talent. Même les nations les plus conservatrices, en termes de sport, l’ont finalement compris. La dernière coupe d’Europe des nations, qui vient de terminer sur le sacre de l’Espagne avec sa jeune pépite Lamine Yamal, nous a servi de leçon.
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Sur notre continent, l’ascension des franco-africains mérite d’être célébrée. Tout comme nous manifestons notre fierté à l’égard de notre diaspora, dont la majorité constitue la main d’œuvre de l’économie occidentale, (nos artistes et diplomés viennent des Universités de la Sorbonne, d’Hawaï ou de Londres) nous devons nous réjouir pour les exploits de nos sportifs.
Double rejet
En s’imposant dans les championnats les plus envieux de la planète, leur message est clair : notre Terre est un réservoir de ressources humaines. À qui la faute si cette jeunesse si forte, si ambitieuse et si nombreuse décide de braver la mer, planer vers d’autres opportunités, pour éclore son génie souvent mal exploité et ignoré chez lui ?
D’autre part, la gestion de nos équipes nationales n’attire pas les binationaux. Face au manque d’infrastructures, les crises récurentes dans les instances dirigeantes du football, les limogeages intempestifs d’entraîneurs et les retards des primes, plusieurs professionnels perdent le moral et abandonnent leurs sélections nationales en plein vol.
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Bon gré mal gré, le choix des franco-africains est à l’origine d’un double rejet. Victimes de propos xénophobes dans leurs pays d’adoption, les binationaux sont en même temps la cible des moqueries venant des internautes de leurs pays d’origine.
Ne sachant pas distinguer la nation française et des nationalistes français, d’autres iront jusqu’à supporter les équipes adverses. Au seul motif que la France est constituée en majorité par des joueurs d’origines malienne, sénégalaise, congolaise, algérienne, marocaine j’en passe. Sans se rendre compte que ce sont les mêmes tricolores qui initient parfois, au sommet de leur gloire, des projets de développement dans les régions natales de leurs parents.
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