Mah Kouyaté : un aller sans détour

Article : Mah Kouyaté : un aller sans détour
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9 novembre 2022

Mah Kouyaté : un aller sans détour

Lundi dernier 7 novembre 2022, l’artiste-griotte a tiré sa révérence à l’âge de 46 ans à Bamako.

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Tempo vocal à nul autre pareil. La voix mandingue est à la fois griotte de souche et artiste de naissance. D’un père guitariste (Kabiné Kouyaté) et d’une mère cantatrice (Fanta Kamissoko), l’originaire de Kita fait ses armes dès l’adolescence.


Genèse


Silhouette maigre, visage allongé, personne ne savait encore, en cette fin des années 1990, ce que va devenir la petite voix timide de Mah. De cérémonies de mariages et de baptêmes qu’elle assiste aux côtés de ses tentes et grandes sœurs, il a fallu attendre la 10e anniversaire de l’ORTM (la télévision nationale) pour que la jeune étoile monte sur scène et exhibe son talent d’artiste au grand public.
Aussitôt célèbre par la chanson Mayéléma, elle gravit les échelons au fil des années. Sa carrière musicale commence en 1996 avec la sortie de « Diarabi ». Elle entame ainsi une aventure folle marquée par des albums qu’elle enchaine au fil des décennies. Parmi les plus connus, Badenya, Nan Koum andjan, Tariba et Fimani (du nom de son défunt mari).
Du style mandingue métissé à la mélodie des guitares, la voix originale de Fimani ka Mah (l’épouse de Fimani) séduit les amoureux du Sumu (concerts animés par des griots lors des mariages ou baptêmes). Vers la fin des années 2000, l’artiste-griotte devient une vedette incontestable. Avec plus de 100 concerts, Mah Kouyaté a vendu plus de 100 000 cassettes. Un record dans le monde musical de l’époque.
Outre ses morceaux qui bercent jusque dans les salons feutrés de Bamako, l’artiste et son mari guitariste Fimani formait un couple qui faisait rêver plus d’un féru de la bonne sonorité aussi bien sur scène que dans la vie sentimentale. Mais le destin a voulu que le duo se sépare. Après le divorce puis le décès de Fimani, la voix de Boudofo (l’autre nom de Kita) s’installe avec Ali Konaté, son nouveau mari, au Burkina Faso.


Soumba


De chansons qu’elle continue de produire depuis le Pays des Hommes Intègres, Mah Kouyaté N⁰2 fait son dernier spectacle en juillet dernier à Bamako avec son homonyme Mah Kouyaté N⁰1. Un concert d’adieux à une époque où les nouveaux médias s’intéressent de plus en plus à la vie des figures de la musique malienne.
Dans ses dernières interviews, l’artiste regrette hélas de n’avoir pas reçu une quelconque distinction pour ses œuvres. « Mes diatigui (fans) m’ont tout donné. Mais je n’ai pas eu de trophée pour mes chansons et ne pardonnerai jamais si on m’attribue une quelconque récompense après ma mort », prévient-elle.
En bonne croyante, Mah avait prévu ce jour. Elle ne s’est pas trompé de ce qui est la mort et de tout le sombre décor que cela plante. Son morceau Soumba n’était-il pas la prédication de la mort ? Cette mort, qui transforme l’homme et le sépare de tout lien, a eu raison d’elle tout comme elle aura raison de nous tous un à un.

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Commentaires

Djibril TOUNKARA
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Paix à son âme.

Khaled Mohamed
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Merci

Balla Camara
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Merci pour ce vibrant hommage

Khaled Mohamed
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Merci