Mali : le phoenix article 39

Article : Mali : le phoenix article 39
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3 octobre 2022

Mali : le phoenix article 39

Après les sanctions, les revendications ! N’est-ce pas ce qui explique le spectre de grève qui plane de nouveau sur les écoles publiques ? Dans une lettre datant du 1er octobre 2022 (deux jours avant la rentrée scolaire 2022-2023), les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 menacent de monter au créneau pour réclamer l’application de l’article 39 de la Loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018, qui prévoit des privilèges au personnel enseignant du fondamental, des lycées et des écoles de formation d’enseignants du fondamental.

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Dans ledit document, la synergie des syndicats des enseignants regrette que le gouvernement n’a engagé « aucune action véritable pour résoudre la question » après la suspension de leur mot d’ordre de grève durant la période de l’embargo économique de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Ils informent leurs militants que « des mesures seront bientôt portées à la connaissance des enseignants ».
Pour rappel, les syndicats signataires du 15 octobre 2016 avaient à l’époque appelé leurs militants à boycotter les examens de fin d’année et prendre en otage les notes de classe. En laissant la craie, les enseignants fonctionnaires exprimaient leur ras-le-bol contre l’abrogation de ladite loi.

Bras de fer


Signée par l’Etat malien dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel enseignant, la Loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018 a pour épine dorsale le fameux article 39 qui prévoit la revalorisation de la grille salariale des enseignants fonctionnaires. Elle est née suite aux mouvements des grèves qui prennent leur source dans les années 2016.

Depuis 6 ans, l’école malienne est paralysée par une crise qui frappe de plein fouet les établissements publics. Alors que les syndicalistes reprochent à l’État de ne pas vouloir appliquer la fameuse loi, les autorités pointent du doigt le manque de ressources suffisantes pour satisfaire leur revendication.

Du bras de fer entre Etat et syndicalistes, les salles de classe seront fermées pendant des semaines, affectant ainsi le calendrier scolaire. En juillet 2020, le défunt président Ibrahim Boubacar Keïta, qui faisait face aux manifestations du Mouvement du 5 juin, avait promis l’application de la l’article 39, suite à plusieurs meetings et sit-ins organisés par les enseignants grévistes à travers le pays.
Quelques semaines après le coup d’État du 18 août 2020, la synergie met de nouveau le poing contre la table pour dénoncer cette fois-ci les « tentatives de tripatouillage » de la loi promise. Pour sauver l’année scolaire, les militaires doivent jouer la carte des négociations et signer le procès-verbal de concialiation avec les syndicalistes.

Éphèmerissime…


Arrivées au pouvoir à la suite du coup d’État de mai 2021, les nouvelles autorités avaient estimé que face à la crise socio-sécuritaire, l’Etat ne pourrait pas appliquer l’article 39.
En abrogeant la fameuse loi, la Transition prend une décision « courageuse » qui fait tâche d’huile en cette période de préparation des examens de fin de l’année, une année 2020-2021 marquée par la crise sanitaire mondiale de coronavirus et surtout les grèves intempestives des enseignants fonctionnaires.
De l’échec des pourparlers initiés à la rentrée 2021-2022, la synergie menace de nouveau de boycotter les examens de fin d’année et de prendre en otage les notes de classe. Mais aussitot lancé, l’éphèmerissime mot d’ordre de grève sera suspendu, car quelques jours plus tard, la CEDEAO annoncera la fermeture des frontières contre la décision des autorités de prolonger la durée de la Transition. Une occasion pour la synergie de soutenir le moral des populations face à la vie chère qui se dessine à l’horizon.

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