ONU : Abdoulaye Maïga porte les gants contre « la junte française »

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25 septembre 2022

ONU : Abdoulaye Maïga porte les gants contre « la junte française »

« Le Mali et son peuple ne seront pas des spectateurs face aux assauts et l’adversité : pour chaque mot employé de travers, nous réagirons par réciprocité », fulmine le premier ministre par intérim colonel Abdoulaye Maïga, depuis la tribune des Nations Unies à New York.


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Ce samedi 24 septembre, tous les regards sont tournés vers la capitale du monde. Devant les smartphones et télévisions, les bamakois vivent le grand oral tant attendu du premier ministre par intérim.

Moins d’un an après le passage de Choguel Maïga, Abdoulaye Maïga prenait part à la 77e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies. L’occasion pour le porte-parole du gouvernement de la Transition de répondre aux critiques des autorités françaises et plusieurs autres dirigeants ouest-africains.

Bazoum


Si Choguel avait décrié l’abandon en plein vol du Mali par la France, Abdoulaye ira jusqu’à qualifier les dirigeants français de « junte au service de l’obscurantisme ». « Les autorités françaises profondément anti-françaises pour avoir renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières, se sont transformées en une junte au service de l’obscurantisme. », a-t-il insisté.

Accusant Paris d’être le « commanditaire » des sanctions économiques imposées par la CEDEAO et l’UEMOA à la suite du coup d’État de mai 2021, le ministre de l’Administration territoriale s’en est pris à des dirigeants ouest-africains. « A l’endroit de M. Bazoum (président du Niger), le Gouvernement de la Transition n’a pour le moment jamais réagi à ses propos injurieux pour deux raisons cumulatives. La première raison tient au respect de l’héritage laissé par nos ancêtres, qui consiste à ne pas répondre aux injures par des injures. La seconde raison relève de l’identité de M. Bazoum, l’étranger qui se réclame du Niger », lâche-t-il.


Sur l’affaire des soldats ivoiriens détenus à Bamako, le colonel Maïga a dénoncé « l’ingérence » du président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo. « Il est utile de rappeler au président en exercice de la CEDEAO qu’au Mali, les autorités n’interfèrent pas dans les dossiers judiciaires et respectent l’indépendance de la Justice… Par ailleurs, nous avons pris acte de la menace de sanctions proférée contre le Mali, et loin d’être impressionné », a-t-il prévenu.

3e mandat


Tout en réitérant l’engagement de la Transition malienne quant à l’organisation des élections en 2024, « nous prêterons une attention particulière au 3ème mandat qui ne sera pas possible. Pour un public moins averti, le 3ème mandat consiste pour un Président de la République à effectuer une manœuvre en 4 temps, en vue de conserver le pouvoir pour lui seul et son clan…

Dans un langage plus simplifié et en référence à une métaphore footballistique, le 3ème mandat est une magie, c’est l’art de se dribbler soi-même tout en gardant le ballon. », souligne-t-il en guise de remerciements au président ivoirien Alassane Ouattara pour ses sages conseils.


Ce discours intervient dans un climat surchauffé entre Bamako et Paris. Il faut dire que depuis le coup d’Etat du 24 mai 2021 qui a porté au pouvoir le Colonel Assimi Goïta, les relations n’ont de cesse dégradé entre les deux pays. Au moment où la Transition s’approche de Moscou dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, Paris dénonce la collaboration avec les « mercenaires » de Wagner. Des critiques réciproques qui mettent le feu aux poudres, la France décide en juin dernier le retrait immédiat de la force Barkhane du Mali.

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