Au Mali, des dirigeants politiques pris à leur propre piège

Article : Au Mali, des dirigeants politiques pris à leur propre piège
Crédit: Getty Images - john images
3 juin 2024

Au Mali, des dirigeants politiques pris à leur propre piège

Coups d’État, turbulences politiques, sous-développement..la Démocratie malienne vacille depuis des décennies. Entre un pouvoir militaire tirant le diable par la queue et des politiques aux abois, le choix du peuple n’est pas souvent simple.

Au centre, Assimi Goïta, président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) / Kassim Traoré VOA by wikicommons

L’âne ouvrit son journal et y écrivit : “Je ne sais pas combien de temps s’est écoulé depuis le départ du lion. Mais à la fin de ma vie, je suis parvenu à une conviction profonde : bien qu’elle soit dure et douloureuse, la dictature du lion est préférable à la liberté des singes et des chiens. Il ne nous asservissait pas, mais nous protégeait des singes qui vendraient la moitié de la forêt pour des bananes, et des chiens qui échangeraient l’autre moitié contre des os.”

Cette célèbre fable tranche bien avec le silence assourdissant des populations maliennes qui souffrent de la vie chère, du chômage et des délestages électriques.

Une instabilité chronique

Avec cinq coups d’État au compteur, dont 23 années d’un régime militaire ininterrompu, le Mali est un pôle d’instabilité. Sous développement, insuffisance d’infrastructures, manque d’équipements militaires..le rôle de la kakistosphère n’est pas des moindres dans la « descente aux enfers ».

À lire aussi

Dougou bé kak ! (L’heure est grave !)

L’amer constat est que les hommes en treillis tirent leurs marrons du feu de désordre créé par une certaine ruecratie pour faire irruption sur la scène. En 1991, le départ du GMT (Général Moussa Traoré) a nourri les espoirs. L’ère de la démocratie pluraliste, qui s’ouvrira, ne sera pas un long fleuve tranquille. Des manifestations intempestives qui surchauffent le climat social, seul le président Alpha Oumar Konaré ne sera pas évincé par des militaires.

Lorsque le président Ibrahim Boubacar Keita rend le tablier en août 2020, des figures du Mouvement du 5 juin, bénéficiant des portefeuilles au gouvernement et au CNT (Conseil national de transition), rebattent les cartes avec les Colonels. Une partie a grossi les rangs de l’opposition. Quitte à reprendre plus tard le Navire Malikoura (Mali nouveau), pendant que d’autres débarquent.

Nettoyer les écuries

Sous certains cieux, l’alternance consiste à écorner les « anges » d’hier pour légitimer « les diables » d’aujourd’hui. De l’amour au désamour, des dirigeants politiques sont pris à leur propre piège. La plupart sont mis à l’écart de la « mangeoire ».

Dans un contexte de quiproquo mêlant des politiques aux abois et des militaires frisant l’indeboulonnable, les rallonges sans fin inquiètent peu de citoyens. Au regard du déséquilibre entre les promesses et les bilans des dernières décennies, le « bétail électoral », qui croyait à la « magie » du bulletin de vote, n’est plus sensible aux équations politiciennes. Nombreux sont ceux qui préfèrent naviguer en eaux troubles.

À lire aussi

Kidal reconquis : Assimi Goïta redore le « treillis »

Auréolé de la montée en puissance des FAMa et de la libération de Kidal, depuis le 14 novembre 2023, le Colonel Assimi Goïta peut profiter de sa popularité pour nettoyer davantage les écuries. Entendu la rupture avec les habitudes malsaines de l’Administration et le recouvrement de la souveraineté économique et militaire pour ne pas revenir à la case de départ.

Étiquettes
Partagez

Commentaires