Suspension des activités politiques : quid le dialogue inter-malien ?

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12 avril 2024

Suspension des activités politiques : quid le dialogue inter-malien ?

Crédit : Wikicommons

A quelques jours de l’ouverture solennelle de la phase régionale du dialogue inter-malien , les activités des partis et associations politiques sont suspendues. Quelles conséquences ?

Pendant que les FAMa (Forces armées maliennes) traquent les terroristes à quelques dizaines de kilomètres de la ville garnison de Kati (environ 15 km de Bamako, où réside le président colonel Assimi Goïta), la « guerre » contre l’obscurité est loin d’être gagnée par l’EDM (Énergie du Mali) et sa clientèle (populations).
Hausse des prix de denrées de première nécessité, chômage des jeunes (avec le départ des ONG), bipolarisation de la société malienne, les « Patriotes » (soutiens du pouvoir militaire) d’un côté et ceux qui ne partagent pas leur vision de l’autre, la saison de forte chaleur ne semble pas bien indiquée pour réveiller les Démons de la désunion.

Période de dissolution


Alorsque le dialogue inter-malien est sur toutes les lèvres, une nouvelle décision divise l’opinion malienne. Dans un communiqué rendu public mercredi 10 avril, le gouvernement de la Transition a annoncé la « suspension des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations jusqu’à nouvel ordre pour raison d’ordre public », comme l’indique le ministère de l’Administration territoriale.

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Cette décision intervient dans un contexte de dissolution de mouvements et associations politiques de l’opposition dans le pays. En plus de l’interdiction de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS), l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) a été dissoute il y a quelques semaines de cela.


Déclaration du regroupement des partis politiques


HAC / Maison de la Presse

Le 31 mars dernier, des dizaines de partis politiques, réunis au sein d’un regroupement, ont rappelé la fin de la période transitoire. En cause, les autorités s’étaient engagé à tout mettre en œuvre pour organiser les élections présidentielles avant cette date.


Il faut rappeler que la Transition a débuté à la suite du coup d’État d’août 2020 sur une période de 18 mois. Quelques mois après l’arrivée du colonel Assimi Goïta au pouvoir en mai 2021, cette période a été prolongée de 24 mois, en application des recommandations des Assises nationales de refondation (ANR), tenues en décembre 2021.

Décret portant durée de la transition

Outre la scène politique, la décision a suscité du quiproquo entre deux institutions de Presse locales. Quelques heures après l’annonce du gouvernement, la Haute autorité de la communication (HAC) a appelé les professionnels de l’information à ne plus couvrir les activités des partis et associations politiques.

Une pullule amère qui a poussé la Maison de la Presse à une réaction vigoureuse. Dénonçant une position sans « fondement juridique », la Maison de la Presse « invite les médias à rester debouts, unis et mobilisés pour la défense du droit du citoyen à l’information », peut-on lire dans le communiqué de l’organisme.

Acteurs majeurs


Soutenant la suspension des activités politiques, le ministre de l’Administration territoriale, colonel Abdoulaye Maïga, a estimé que celle-ci consiste à éviter des agissements pouvant perturber le dialogue. « Cette mesure n’a rien à voir avec une dissolution [..] c’est une action judiciaire qui entraine une dissolution », a-t-il précisé.

Après les concertations nationales de 2020 et les Assises nationales de refondation de 2021, le dialogue inter-malien sera le troisième forum national en quatre années de pouvoir militaire. Sans compter le Dialogue national inclusif (DNI), initié quelques mois par le pouvoir IBK avant le premier coup d’État.

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En froid avec les partenaires occidentaux et des poids lourds de la région, comme la Côte d’Ivoire et l’Algérie, les colonels de Kati ne sont pas en bons termes avec les groupes armés signataires de l’Accord d’Alger. Il aurait donc fallu jouer la carte de la société civile et surtout celle de la classe politique pour bénéficier d’une stabilité interne et trouver des solutions communes aux défis du moment.


Acteurs majeurs de la gouvernance au Mali, les partis et associations politiques jouent un rôle essentiel lors des dialogues et débats nationaux. En 2023, durant les campagnes et élections référendaires, ils étaient nombreux à mobiliser les citoyens à remplir leur devoir civique.

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Commentaires

Djibril TOUNKARA
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C'est ainsi que commence la fin d'une ère et la transition ne sera que mauvais souvenir.

Khaled Mohamed
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Ah bon ?!