Appels au retrait de la MINUSMA : l’ultimatum du Mouvement Yerewolo

Article : Appels au retrait de la MINUSMA : l’ultimatum du Mouvement Yerewolo
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23 août 2022

Appels au retrait de la MINUSMA : l’ultimatum du Mouvement Yerewolo

Dans une correspondance datant du 20 juillet 2022 et adressée au Chef de la Mission Multidimensionnnelle Intégrée des Nations Unies au Mali (MINUSMA), le Mouvement Yerewolo Debout sur les remparts a demandé le retrait des forces de ladite Mission avant le 22 septembre 2022. En attendant cette date, le Mouvement dit « souverainiste » à organisé un meeting dans l’après-midi du vendredi 6 août au palais de la culture Amadou Hampaté Ba de Bamako.


Banderoles et pancartes aux mains, bonnet bleu à la tête, ils étaient des dizaines de manifestants, ce vendredi, à prendre part à « l’opération bonnet bleu contre casques bleus ». Une occasion pour les organisateurs du meeting de réclamer, pour la énième fois, le retrait de la force onusienne du Mali.
Membre du Conseil National de Transition (CNT) et leader du Mouvement Yerewolo Debout, Adama Ben Diarra est habillé en treillis bleu. Sur le podium, Ben le cerveau appelé à un rassemblement massif pour « lancer l’assaut final le 22 septembre 2022 pour libérer le pays ».


DDHP de la MINUSMA


Le 20 juillet dernier, alors que le Mouvement Yerewolo adressait un ultimatum au chef de la MINUSMA, le porte-parole de ladite Mission a été sommé le même jour de quitter le territoire malien dans un délai de 72 h. Pour cause, le français avait diffusé sur le réseau social Twitter des propos, jugés diffamatoires par les Autorités de la Transition, dans le cadre de l’affaire des 49 soldats ivoiriens détenus à Bamako.
Quelques mois auparavant, le Mali avait formulé des réserves limitant les opérations de la force de maintien de paix dans le cadre du renouvellement de son mandat. Une mésentente attisée par la demande de la mission de l’ONU d’enquêter sur des violations présumées des droits de l’homme au Mali.
En effet, selon une note trimestrielle de la Division des droits de l’homme et de la protection (DDHP) de la MINUSMA, durant la période du 1er janvier au 31 mars 2022, les Forces armées maliennes se seraient rendues coupables d’exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées ou involontaires et représailles contre des populations civiles dans plusieurs localités du pays.
A la diffusion dudit document, le 30 mai dernier, les Autorités de la Transition ont réagi aussitôt. « Le Gouvernement de la République du Mali réfute les allégations de violation et d’atteintes aux droits de l’homme et au droit international humanitaire attribuées aux Forces de défense et de sécurité maliennes. Ces allégations sont très souvent tendancieuses, non recoupées, rapportées selon des témoignages non contradictoires, ne s’appuyant sur aucune preuve tangible », fustige Bamako dans un Mémorandum rendu public dès le lendemain 31 mai.
Pour sa part, Yerewolo Debout a exprimé son ras-le-bol en ces termes : « la MINUSMA se donne la seule mission d’enquêter parmi les morts pour savoir qui sont bons et qui sont mauvais. Or, elle n’est pas en capacité de dénicher parmi les vivants les terroristes, sous prétexte que dans la guerre asymétrique, cette tâche n’est pas réalisable », déplore-t-il dans une lettre datant du 20 juillet 2022 et adressée au chef de la Mission ».


No man’s land


Mouvement hétéroclite et politique, Yerewolo Debout sur les remparts ne cache pas son soutien à la Transition malienne. Il faut dire que depuis le coup d’Etat du 24 mai 2021, qui a porté au pouvoir le Colonel Assimi Goïta, Yerewolo a organisé de nombreuses à manifestations au Boulevard de l’indépendance de Bamako et dans plusieurs villes du Mali pour exiger une coopération militaire russo-malienne en lieu et place des forces françaises de Barkhane et celle de la MINUSMA.
Dans la perception des membres de Yerewolo, le bilan de ces forces, pourtant présentes sur le territoire malien depuis 2013, est peu flatteur. Du moment où la situation sécuritaire se dégrade au fil des ans avec la reprise des villes et villages par des groupes armés d’une part, et la recrudescence des attaques terroristes d’autre part. En effet, de 2012 à nos jours, la carte de la zone de conflit n’a de cesse s’élargit, allant du Nord incontrôlé au centre envahi.
A cela s’ajoutent les attaques-kamikazes qui visent au quotidien les Forces de défense et de sécurité maliennes jusqu’aux périphéries de Bamako, la capitale, et bien entendu l’émergence des milices d’autodéfense, faisant planer le spectre d’un conflit intercommunautaire sur ce « no man’s land » malien.
Quelques mois après le retrait officiel des troupes français et leurs partenaires européens de l’opération Takuba, Yerewolo Debout entend « chasser » la force onusienne. « La MINUSMA est devenue une force d’occupation qui ravive et entretient la peur, les clivages ethniques et la méfiance entre les communautés au Mali », fulmine-t-il dans l’ultimatum adressé au chef de ladite Mission. Lettre dans laquelle le Mouvement « souverainiste » exige « le retrait pur et simple de la Mission sur notre territoire avant le 22 septembre 2022 », date anniversaire de l’indépendance du Mali.

Khaled Mohamed

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