Ecole coranique en milieu Soninké : un patrimoine vivant malgré des mutations

Article : Ecole coranique en milieu Soninké : un patrimoine vivant malgré des mutations
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27 septembre 2023

Ecole coranique en milieu Soninké : un patrimoine vivant malgré des mutations

Crédit photo : Mali en marche

Des étudiants, en fin de formation, recevant les bénédictions du maître coranique

En conciliant Islam et culture, notre communauté a confié l’éducation des enfants aux religieux. A l’ère de la modernité, les écoles coraniques sont-elles devenues des parents pauvres ?

A l’âge de sept ans, les enfants étaient, autrefois, envoyés dans des villages lointains. Auprès d’un marabout réputé pour sa maîtrise de connaissances religieuses et ses qualités humaines, ils ne revenaient au bercail qu’après des années de séjour avant d’intégrer définitivement le monde des adultes et partir à l’aventure.

Modernité


Loin des grandes villes, les talibés (élèves de l’école coranique) préparent leur future vie d’adulte dans la brousse. Sous la responsabilité des élèves plus âgés, les plus jeunes passent le plus clair de leur temps à réciter des sourates dans la cour du maître et à effectuer des travaux domestiques et champêtres.

Depuis plusieurs décennies, les écoles modernes ont tendance à prendre la relève. En effet, face à la diversité des disciplines, la plupart des parents préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles classiques où les élèves étudient à la fois la religion, les sciences et les métiers.

Hors des quatre murs, les écoliers ne sont pas en contact direct avec la nature

Crédit photo : istockphotos

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L’Islam étant au centre de l’éducation en milieu Soninké, les effectifs des medersa dépassent largement ceux des écoles gouvernementales. Cependant, les écoliers suivent leur formation religieuse à la mosquée, auprès d’un marabout ou d’un membre de la famille.


La place de la culture locale


Proposant une éducation moins contraignante, l’enseignement moderne met l’accent sur les compétences individuelles des apprenants. Mais au-delà des quatre murs des salles de classe, les élèves n’ont pas l’occasion de vivre les réalités de la vraie vie.

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Si l’enseignement moderne « donne des diplômes », c’est à l’école coranique « qu’on se forme » pour vivre avec les siens. En effet, la culture locale occupe une place importante. Vivant dans la même cour tout au long de leur initiation, les élèves apprennent l’entraide, la cohésion et la solidarité dans une hiérarchie bien organisée autour du maître. Mieux, les cours se déroulent en #Soninké.


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L’exode rural des jeunes est un phénomène persistant en milieu Soninké


En ligne de mire des mutations, les écoles coraniques font face au phénomène de la migration massive des jeunes. Au bout de quelques années d’études, de nombreux élèves prennent le chemin de l’aventure. Conséquence : les écoles coraniques font face au manque de maîtres en milieu rural.

Naguère fréquentées par des écoliers, qui jonglent entre ancienneté et modernité, les écoles coraniques n’accueillent aujourd’hui que quelques dizaines de talibés. Pépinières des figures de notre riche histoire, comme le Cheickh El hadj Mohamed Amine, elles sont des patrimoines vivants qui véhiculent nos valeurs sociétales, comme le savoir-être, le respect de l’autre et l’amour du travail.

Khaled

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