Elections au Mali : vers le scénario du dromadaire-chameau ?

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16 juin 2023

Elections au Mali : vers le scénario du dromadaire-chameau ?

Dans la nuit de ce vendredi 16 juin 2023, les campagnes pour le référendum constitutionnel seront fermées. Retour sur les enjeux de ces élections qui profilent à l’horizon.

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On a beau rêver les yeux ouverts, pour le plus incrédule des bamakois la mise en vigueur de la nouvelle Constitution n’est plus qu’une question de semaines. Qui dit mieux ? Les campagnes publicitaires, pardon de vulgarisation du projet de Constitution, qui battent leur plein depuis plusieurs semaines plantent le décor. Comme si les propagandes sur les réseaux ne suffisent pas, les plus de 60 minutes du journal de 20h de l’ORTM (Office radiotélévision du Mali) ont toujours servi de cheval de troie pour l’Exécutif. Regardons-nous les yeux dans les yeux, en cette période de la résurrection du train voyageur Bamako-Kayes, les reportages sur les inaugurations et rencontres, sur les ondes de la chaîne nationale, sont des promotions déguisées des ministres, gouverneurs et membres du CNT en faveur du « oui massif ».

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« Pères Noël »

Le duel des rouges et blancs (les camps du oui et du non) n’est plus à l’ordre du jour pour tout lecteur avisé. A quelques mois des élections présidentielles et législatives, l’on s’interroge désormais sur ce que sera le pouvoir post-électoral au pays de Modibo Keita.

Les discours souverainistes et surtout la reconstruction en cours des FAMa (Forces armées maliennes) font, certes, rêver plus d’un villageois du fin fond de la brousse, mais le populisme médiatique, entretenu par une armada d’internautes, offre plutôt l’image d’un Malikura (Mali nouveau) en trompe-l’œil. Comme si des Militaires n’ont pas été acclamés et déclamés par le passé, les Pères Noël du jour, qui étaient la plupart inconnus jusqu’au 18 août, sont présentés comme des hommes providentiels, les seuls capables de tenir la barre du bateau.

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Deux ans après le départ forcé d’Ibrahim Boubacar Keita, recordman des scores électoraux, la déclaration quant à une prétendue rupture avec les habitudes anciennes est d’autant prématurée que les plus éclairés du narratif scrutent l’horizon devant les promesses d’une souveraineté retrouvée.

Deux cartes sur la table

Le quiproquo avec les parties prenantes de l’Accord d’Alger (groupes armés signataires et Minusma), des ruraux qui continuent de payer la zakat (l’aumône légale), les attaques terroristes récurrentes jusqu’aux portes de Bamako, le retard des bourses des étudiants, les jeux de lumières quotidiens de l’EDM (Energie du mal), ralentissant des activités économiques, les flambées des prix de denrées et du pétrole sur le marché… Autant des préoccupations devenues, hélas, des cadets des soucis d’une certaine opinion.

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Face à ce dilemme cornélien, la ville-garnison est-elle partante pour passer le témoin dans moins d’un an. D’Addis-Abeba à New York, en passant par Paris, une seule question taraude les esprits : Après avoir dribblé deux de ses propres joueurs (IBK et Bah N’daw), le dromadaire de Bamako lorgnera-t-il le chameau de Yamoussoukro ? Une chose est sûre, les colonels de Kati n’ont plus qu’à jouer l’une de deux cartes sur la table. Celle des promesses de la charte de la Transition ou celle des influenceurs qui ont déjà érigé les contours d’un paradis imaginaire dans la tête des followers. Quoiqu’il en soit, le Peuple assumera la suite de l’histoire.

Kissé kelen fili

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